LA
DEMOCRATIE :
PARLONS-EN !
par Johan ISSELEE
I - REPUBLIQUE ET DÉMOCRATIE
" Je hais vos idées,
mais je me ferai tuer
pour que vous ayez le droit de les exprimer. "
VOLTAIRE
Dans le contexte
généralisé d'aveuglement spirituel dans lequel
baigne l'humanité, il n'est pas aisé d'aborder certains
sujets et, moins encore, de remettre en question certaines notions
et vérités instaurées sans susciter la suspicion,
l'irritation, voire le rejet quasi pavlovien de ceux dont l'honnêteté
intellectuelle et le sens critique ont été anesthésiés
par le radicalisme et la tyrannie que génère leur illusoire
supériorité.
Depuis l'époque des Lumières, Monsieur Voltaire, les
choses ont bien changé, certaines heureusement ont évolué,
mais beaucoup se sont dégradées.
Il y a eu, bien sûr, la Déclaration Universelle des Droits
de l'Homme, qui a fait de la liberté de conscience et d'expression
un droit individuel imprescriptible dont devrait jouir chaque être
humain, mais les événements survenus autour des dernières
élections présidentielles en France nous ont fait comprendre
que, dorénavant, il y a une bonne liberté de conscience
et une mauvaise liberté de conscience, -celle où l'on
pense comme il se "doit" et celle où l'on croit pouvoir
penser comme on veut-, subtile distinction d'où découlent
tout naturellement une bonne intolérance et une mauvaise intolérance,
une bonne haine et une mauvaise haine.
Quoi qu'il en soit, nombreux sont les faits et les réalités
sociales qui nous prouvent que la plupart de nos politiciens n'ont
rien compris à ce qu'est la démocratie qui, pour d'aucuns,
n'est rien d'autre qu'un cheval de Troie servant à introduire
subtilement leur totalitarisme idéologique dans la Cité.
Le climat de flou, de mollesse, d'anesthésie intellectuelle
où les confusions, les amalgames et les contradictions règnent,
laisse la porte grande ouverte à la manipulation mentale, un
phénomène que l'on croyait réservé aux
sectes.
Du fait que toute référence à LA VERITE soit
abolie -chacun ayant sa propre vérité, liberté
oblige-, ceux qui prétendent avoir des vérités
plus vraies que les vérités des autres se prennent le
droit "naturel" de les imposer.
Pour sortir du processus de dégénérescence et
de démagogie généralisée qui sacrifie
la conscience individuelle au pouvoir totalitaire de la pensée
imposée, il est nécessaire de faire table rase des idées
reçues et de reconsidérer les choses à la lumière
du bon sens et en toute honnêteté, pour aborder avec
lucidité et avec humilité la question fondamentale du
sens de l'existence. Sans ce préalable, il est inconcevable
de prétendre organiser la société en mariant
l'aspect individuel et collectif de l'existence, de même qu'il
est impossible de comprendre en quoi la démocratie se distingue
de la république, en quoi les démocrates se différencient
des républicains.
Les historiens s'accordent sur le fait que les notions de république
et de démocratie ont des contenus différents, selon
le contexte historique, géographique, culturel et doctrinal
dans lequel elles sont employées.
En opposition
avec le royaume, la république se définit comme un régime
dans lequel la fonction d'État ne se transmet pas par hérédité,
mais n'est pas pour autant à confondre avec la démocratie
(il existe de nombreux royaumes démocratiques).
L'histoire nous montre que la république peut aussi bien revêtir
une forme aristocratique (comme ce fut le cas à Venise), que
philosophique (la république selon Platon), que démocratique
(la république selon Aristote). Il est intéressant de
noter que ce dernier a mis en évidence que tout régime
politique peut connaître une déviation perverse, détournant
un régime au profit de son contraire, ainsi la monarchie éclairée
s'oppose à la tyrannie, l'aristocratie à l'oligarchie,
et la république démocratique
à la république
démagogique. Ce que nous vivons aujourd'hui redonne de l'actualité
aux propos d'Aristote.
Ainsi la république dans laquelle peut naître et éclore
la démocratie ne saurait être assimilée à
la démocratie.
Personne ne réfutera que la République française,
issue de la Révolution, est une république maçonnique
qui a, bien sûr, réalisé une partie de ses idéaux,
mais qui, du fait de l'infiltration de l'illuminisme bavarois dans
la maçonnerie (1), a dégénéré en
une république démagogique ; une république démagogique
ayant pour fer de lance le pouvoir médiatique dont l'absence
de neutralité et la désinformation orchestrée
commencent à rebuter même les plus intoxiqués.
Il est bon que les nostalgiques des républiques antiques se
rappellent que celles-ci étaient loin d'être démocratiques,
puisqu'elles n'attribuaient qu'à une toute petite fraction
de la société la capacité de juger de ce qui
constituait le bien commun. Rappelons aussi qu'au moment de l'instauration
de la IIIe République française, la représentation
parlementaire n'a été acceptée qu'avec réticence.
Tout récemment encore, on a refusé de consulter le Parlement
pour définir si le pays devait ou non prendre part aux agressions
guerrières décidées par les " grands "
de ce monde.
Il est donc clair que la république ne donne pas, comme le
ferait une démocratie, le pouvoir à l'ensemble du peuple
mais à une "élite" (notion d'origine théocratique
et aristocratique).
Si nous souhaitons que le monde évolue vers la démocratie
planétaire et non pas vers une république mondiale qui
instaurerait la dictature finale d'une toute petite minorité,
il devient plus qu'urgent que nous sachions déjouer les pièges
des discours politiciens, lesquels, par l'amalgame république-démocratie,
sèment et entretiennent la confusion dans les esprits.
Citoyenneté et responsabilité individuelle sont des
notions éminemment démocratiques qui transcendent les
clivages politiciens dont se nourrit l'idéologie républicaine.
Par ailleurs, pour que les choses changent, il faudrait que les instances
occultes qui, depuis des générations, ont l'autorité
et le pouvoir en main soient prêtes à " sacrifier
" (2) leur dirigisme et leurs prérogatives pour que s'instaure
une véritable démocratie.
Dans une démocratie, il n'y a ni gauche ni droite, ni centre,
ni ceux "d'en haut" et ceux "d'en bas", mais un
ensemble d'individualités, avec leurs forces et leurs faiblesses,
que l'on se doit de respecter et qui ont le droit d'évoluer
librement en s'exprimant librement. Dans une démocratie, c'est
dans le respect total des différences et des divergences, nécessaires
à la complémentarité, que l'on uvre ensemble
à la gestion de la Cité.
(1) Illuminisme
bavarois : Fer de lance du mondialisme au service de l'hégémonie
bancaire supra-nationale. Le Comte de Mirabeau et Necker en étaient
d'importants agents. Lire " Des pionniers sur l'échiquier
" de W.G.CARR (Editions Saint Rémi -BP 79- 33410 Cadillac)
(2) Notion
de sacrifice pourtant bien connue dans certains milieux maçonniques
dont on peut lire dans le rituel secret du 14ème degré
des " Grands Elus Parfaits et Sublimes Maçons " (par
Thomas M. Clenacker, grand maître des cérémonies
du Suprême Conseil d'Edimbourg) : " La France est la Nation-Christ
qui doit se sacrifier pour la régénération de
l'Humanité en portant au sommet l'idéal maçonnique
: le triomphe de la Raison Pure. "
(A
suivre
>>)
ART & Démocratie,
juillet 2002 (CC)