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Juillet 2002

N°8





 





 


Madame, Monsieur, Chers amis,

Le plan de généralisation de l'art à l'école, en réponse à une demande sociale nouvelle, ressemble en bien des points à l'opération de "lecturisation" lancée dans les écoles, il y a de cela vingt ans. Face aux transformations de la société et de ses nouvelles nécessités économico-sociologiques, il s'agissait d'augmenter le pourcentage des lecteurs évalué alors à 20% de la population ; tout comme aujourd'hui, l'objectif est de dépasser les 20% de la population fréquentant les musées.
De même que l'accès à la lecture, l'accès à l'art ne vise pas l'apport d'un supplément d'âme, mais l'augmentation du pouvoir des citoyens sur le monde.
Comme aujourd'hui, le monde de l'éducation était face à un problème nouveau dont personne ne connaissait la solution, mais, malgré cela, on s'empressa d'inventer une pédagogie innovatrice qui ne tienne plus compte du passé. Ainsi avons-nous vu fleurir les approches fonctionnelles et globales de l'apprentissage de la lecture qui rejetaient l'alphabétisation et le déchiffrage traditionnels.
Depuis, les experts de l'Observatoire de la lecture ont rendu leurs conclusions à travers les nouveaux programmes de l'école primaire 2002 : "La plupart des spécialistes considèrent aujourd'hui que ce choix (méthodes globales, méthodes idéo-visuelles...) comporte plus d'inconvénients que d'avantages."
Ceci met en évidence que les solutions et les méthodes durables ne sont jamais le résultat d'une approche idéologique -souvent démagogique-, mais s'élaborent à partir d'éléments de réflexion que livre une consultation démocratique de l'expérience de la base qui, étant en contact avec les réalités du terrain, peut mieux que quiconque donner un avis en partant des possibilités réelles, des besoins et des aspirations du public concerné. Elle est bien située pour apporter des données concrètes qui la plupart du temps échappent aux technocrates et aux théoriciens.
COMPTE RENDU DES MANIFESTATIONS

EXPOSITION DU 22 AU 30 AVRIL 2002 -SALLE FREDERIC MISTRAL- A EGUILLES (13)


L'exposition des œuvres de " l'Atelier 2013 ", malgré sa courte durée, a été un succès.
La belle salle Frédéric Mistral -mise gracieusement à notre disposition par la municipalité- convenait à merveille à notre action. Nous avons reçu environ 500 visiteurs dont 382 ont bien voulu répondre au questionnaire.
La démarche d'ART & Démocratie a été bien accueillie, autant par la municipalité que par le public qui a apprécié l'originalité des œuvres. Certains ont vécu cette exposition comme " une bouffée d'air frais " par contraste " selon leurs propres dires " avec ce qui est habituellement montré dans les nombreuses expositions organisées dans ce lieu. Mme Dijack, adjointe à la culture à Eguilles, présente au vernissage, s'est montrée enthousiaste. Le maire du village nous a fait l'honneur d'une visite lors de la réception des élèves d'une école primaire.
Ces vérités qui viennent de la rue
Par l'Atelier 2013

Johan Isselée, animateur de l'Atelier 2013, a tenu à accueillir personnellement les enfants de l'élémentaire, ainsi qu'un groupe d'adolescents handicapés mentaux. On a découvert une jeunesse ouverte et sensible, tant aux œuvres exposées qu'aux explications données sur la façon de les aborder.
Dès la réception, l'accent a en effet été mis sur l'intériorité, sur les conditions de calme et de silence indispensables à la contemplation qui permettent, dans un premier temps, d'instaurer un dialogue avec l'œuvre, pour ensuite contribuer à renforcer l'autonomie individuelle en cultivant la capacité à définir, par soi-même et en soi-même, ce que l'on aime et ce qui nous parle moins ou pas du tout.
Après avoir répondu au questionnaire, avec un sérieux qui mettait en évidence leur investissement, les enfants ont écouté les réponses de Johan à leurs nombreuses questions sur le phénomène de l'inspiration et sur les techniques et matériaux employés.
Ainsi, huit classes des écoles d'Eguilles et de La Fare-les-Oliviers, un groupe d'enfants du Centre aéré de La Fare et un groupe d'adolescents de l'I.M.E. " les Parons " à Eguilles ont été accueillis et accompagnés dans leur visite.
Une séance consacrée à la libre expression des enfants a suivi leur visite de l'exposition. Dans l'ensemble, l'enthousiasme manifesté par les enfants a touché enseignants et éducateurs.
" Last but not least ", lors d'une courte visite, le Père Denys, curé du village, s'est montré réceptif à l'idée que la beauté pouvait être une voie vers le sacré !

ARTICLE PARU DANS LE JOURNAL LA PROVENCE DU 7 MAI 2002 :

"Art & Démocratie" : des œuvres à réinventer dans l'œil du citoyen

Cette association originale considère que la création artistique va de pair avec une approche sociale. Ses créateurs invitent le public à commenter, juger et transformer les œuvres proposées
L'exposition" Art et démocratie" a accueilli des adultes, bien sûr, mais aussi de nombreux scolaires. Ce fut, pour tous, l'occasion de discuter avec un artiste qui souhaite insister sur "la dimension sociale de l'œuvre artistique ". Johan Isselée, c'est son nom, la soumet à l'appréciation des citoyens, leur demande leur avis et en tient compte dans son cheminement esthétique.
Artiste peintre, plasticien et installateur, il est né à Bruges en 1938. Il s'est intéressé au dessin et la peinture, à la suite de son père, brodeur d'art et professeur à l'académie des Beaux-Arts.
Il est devenu à son tour professeur de dessin et d'arts plastiques. "Je me suis cependant très vite senti à l'étroit dans l'enseignement où peu de place est laissée à l'expression personnelle ", se souvient-il.

Vadrouille

En février 1962, un vent de révolte, empreint de liberté, poussa Johan Isselée à rompre avec son quotidien. Il part en vadrouille et sillonne les routes d'Europe avant de faire halte sur la Côte d'Azur où il vit de son art. Assoiffé de changement et de découverte, Johan Isselée se rend ensuite en Grèce où il s'implique davantage dans les arts plastiques.
Quelques voyages en Afrique l'ouvrent à une approche plus colorée mais aussi plus intuitive et instinctive de la fonction créatrice. Il est aujourd'hui l'un des "agitateurs " de l'association "Art et démocratie".
Celle-ci a pour vocation de contribuer à rendre à l'art son sens premier et sa fonction sociale qui consiste à "élever l'âme par l'émotion esthétique que procure la beauté". "Art et démocratie " souhaite aussi donner aux citoyens le pouvoir de juger de l'utilité sociale de

 
toute œuvre ou prestation artistique en sollicitant leur opinion.
Pour toucher et sensibiliser le public, elle dispose de publications et organise des réunions, séminaires ainsi que des manifestations culturelles et artistiques. Au cours de ces manifestations, l'association distribue un questionnaire à chaque visiteur afin qu'il se prononce en toute liberté sur le travail proposé. "Art et démocratie" s'adresse aux artistes, aux amateurs d'art et à tous les démocrates dans l'âme.

"Le pouvoir d'évaluer le beau"

Dans une démocratie, expliquent les responsables de l'association, l'art doit être soumis à la libre appréciation des citoyens. Leurs avis doivent être pris en compte comme lors d'un vote ou d'un référendum. L'art ne peut remplir sa fonction sociale que s'il est libéré de toute dictature intellectuelle et financière. Donner à tous le pouvoir d'évaluer le beau, c'est responsabiliser les citoyens dans le domaine culturel et artistique en sollicitant et donc en vivifiant leur réceptivité esthétique. C'est aussi aider les artistes à se remettre en question et à prendre conscience de leur utilité sociale."
Si ces conceptions quelque peu abstraites s'adressent surtout à des adultes éclairés, le contact est néanmoins très bien passé avec les enfants qui sont venus voir l'exposition. En artiste pédagogue, Johan lsselée sait trouver les mots qui interpellent les minots.
Il est clair qu'il fait de son art un dialogue au travers de ses toiles mais aussi des gestes et de la parole. Peindre ou travailler la matière est pour lui une forme de rencontre.

P.H.
La Provence 7 mai 2002

EN BREF

BILAN SUR LA PREMIERE ANNEE DE MISE EN OEUVRE DU PLAN DES CINQ ANS

Un an après le début de la mise en œuvre du plan de cinq ans pour les arts et la culture à l'École, les enseignants sont globalement satisfaits. Dans un sondage SOFRES pour le Monde de l'Éducation (avril 2002), 79% d'entre eux ont donné un avis "très positif" et "plutôt positif" sur la généralisation des arts à l'école. Au cours de l'année scolaire 2001-2002, 30 000 classes à projet artistique et culturel ont vu le jour. 40 000 sont prévues pour 2002-2003, 70 000 pour 2003-2004 et 110 000 pour 2004-2005 !
Il est indéniable que la volonté de ne plus réduire les arts à un supplément d'âme, répond à une attente éducative et plus largement à une nécessité sociale. Au cours de leur réunion à Paris, les 18 et 19 décembre 2001, les délégués académiques à l'action culturelle ont cependant fait état des difficultés rencontrées. Elles concernent généralement l'établissement des financements, la sélection et la rémunération des artistes qui interviennent dans les classes.
A l'occasion du séminaire pour les Arts à l'école qui s'est déroulé à Paris les 27 et 28 mars derniers, Jack Lang a rappelé que l'objectif de généralisation des classes à PAC impliquait une participation plus forte avec des collectivités territoriales. Des projets de conventions départementales pour développer les relations entre les écoles et les institutions culturelles sont à l'étude. Certains partenariats devront s'inscrire dans le cadre de Chartes nationales fixant la philosophie et les objectifs communs aux coopérations locales. Pour répondre à cette demande, Catherine Tasca a souhaité, à l'occasion de ce même séminaire, que les institutions culturelles renforcent leur offre éducative et que de nouveaux programmes soient intégrés dans ce but, au sein des écoles de beaux-arts et des écoles d'architecture.
Très vite, la question des objectifs et de la qualité artistique des projets qui lient l'Éducation nationale à la Culture s'est posée. Des conventions de formation (modules de formation pour les artistes associés et les enseignants volontaires) sont en cours d'élaboration, associant une école d'art ou une institution artistique et un institut universitaire de formation des maîtres (IUFM), par exemple : FRAC PACA/IUFM d'Aix-Marseille. Des pôles nationaux de ressource (PNR) associant structure culturelle, IUFM et centre régional de documentation pédagogique (CRDP), ont été créés.

Face à l'impressionnant dispositif institutionnel mis en place et fait pour durer au-delà des changements ministériels, face au prodigieux développement de cette mainmise, quasi exclusive, de l'Etat sur l'éducation artistique, on ne peut que craindre un retour de la manipulation idéologique de l'art dans le but " d'éduquer " ou de rendre dociles (d'endoctriner ?) les publics et citoyens de demain. Il est clairement stipulé dans de multiples projets engagés dans le cadre du plan de cinq ans, qu'il s'agit " d'éduquer la sensibilité ", " de faire naître un autre regard sur les choses et sur les êtres ", " d'analyser une œuvre pour dépasser les critères subjectifs ", de " former le regard ", etc. Nous sommes bien loin d'une éducation à l'autonomie qui permettrait de découvrir le phénomène de la beauté en toute liberté ! A travers les nouveaux programmes permettant l'entrée officielle des artistes et des professionnels de la culture à l'école, le plus dangereux, sans doute, réside dans l'introduction de listes d'œuvres rendant possible le nivellement d'une culture commune sous la forme de références imposées.
En marge de ce déploiement massif d'efforts pour l'éducation artistique, les enseignants se trouvent toujours confrontés à d'importantes tracasseries administratives dès qu'ils veulent organiser une sortie culturelle ou autre avec leurs élèves. La question se pose de savoir si toutes les pressions liées aux autorisations de sortie (qui vont jusqu'à la menace de peine de prison pour le directeur au moindre incident qui surviendrait) ne sont pas exercées dans le but de dissuader toute ouverture réelle de l'école sur le monde, toute échappée "hors programme" et peut-être même pour empêcher la confrontation avec le réel qui permettrait l'apprentissage de la responsabilité et de la liberté !?


CONFERENCE : " L'ART EST-IL UNE ARME ? ", les 5 mars et 4 juin 2002, à la médiathèque de Gardanne (13)
La conférencière, Mme Viala, directrice et professeur à l'école des arts plastiques de Gardanne sait captiver son public. De façon documentée et passionnée, elle a développé un thème qui est on ne peut plus actuel.
Exemples à l'appui, elle a démontré que par le passé, comme encore actuellement, beaucoup d'artistes trouvent dans leur art un domaine de prise de position politique face aux misères, aberrations et contradictions de leur époque.
Percevant elle-même l'art à travers son propre engagement, elle déplore et dénonce la confusion qui règne aujourd'hui dans le monde des arts depuis la mise en place d'un ministère de la Culture qui impose ses choix et ses artistes d'Etat.


COLLOQUE DE L'ÉCOLE DU LOUVRE :

Les 15 et 16 avril, le ministère de l'Éducation nationale et la mission de l'éducation artistique et de l'action culturelle ont participé, avec le ministère de la Culture et de la Communication, au colloque international : "Intelligence de l'art et culture religieuse aujourd'hui", organisé par l'École du Louvre.
La nécessité de donner aux élèves une connaissance des faits religieux sans mettre en cause la laïcité est aujourd'hui largement admise, et a été récemment soulignée par le ministre de l'Éducation nationale à l'occasion de la remise du rapport Debray sur ce sujet. Ce rapport, publié aux éditions Odile Jacob, est disponible en librairie depuis le 16 avril : "L'enseignement du fait religieux dans l'école laïque".
La connaissance mutuelle des racines culturelles et artistiques est en effet un fondement de la paix sociale et politique.
Comment effectuer cette éducation avec succès, en la rendant sensible et accessible aux enfants dès le début de leur scolarisation, en les ouvrant à la fois aux expressions culturelles passées et contemporaines et à leurs interprétations, en respectant la richesse et la pluralité des différentes cultures ? A ces interrogations, caractérisées par une riche transversalité entre les institutions culturelles, artistiques, politiques, religieuses, entre les différents domaines de l'éducation, et entre les cultures elles-mêmes, de nombreux spécialistes et chercheurs internationaux sont venus proposer des pistes et des solutions durant les deux jours de colloque.
(Extrait de "Les arts à l'école", Lettre d'information hebdomadaire de l'éducation artistique n°47 du 20 au 30 avril 2002)

Nous regrettons de ne pas avoir été avertis des dates de la tenue de ce colloque, notre demande expresse adressée à M. Mollard, directeur du Centre National de Documentation Pédagogique (CNDP), étant restée sans réponse.
Dans nos bulletins d'Informations précédents, nous avons mis en lumière pourquoi la libre approche de l'esthétique est indissociable de l'approche du métaphysique.
Cette affirmation se voit confirmée par la décision prise au niveau de l'Éducation nationale, après l'intégration des arts à l'école, d'intégrer l'enseignement du fait religieux dans l'école laïque. A ce sujet, on lira avec intérêt le rapport de Régis Debray préfacé par Jack Lang.
On ne peut que se réjouir de cette décision qui reconnaît le phénomène religieux comme fondement de la culture et souhaiter que la découverte de valeurs communes -"valeurs fédératrices" (?!?)- à toutes les religions puisse aider à ouvrir les esprits à plus de tolérance, de respect et de compréhension mutuelle.
Mais la religion n'est pas la spiritualité, tout comme l'enseignement du fait religieux n'est pas un enseignement religieux. On doit donc aussi se poser la question de savoir dans quelle mesure l'apprentissage d'une approche purement conceptuelle du fait religieux ne sera pas employé comme un écran de fumée pour couper les consciences de l'autonomie individuelle, spirituelle, que procure la spiritualité vécue.
Plus personne n'ignore que l'autorité métaphysique est actuellement exercée par certaines sociétés secrètes dont la stricte hiérarchie et le fonctionnement initiatique et rituellique se fondent sur l'ésotérisme que récuse le rapport Debray(1).
Ces sociétés secrètes ont une emprise sur un nombre important de personnalités occupant des postes clés dans les gouvernements(2). C'est une lapalissade de dire que la mainmise d'une autorité occulte, basée sur le secret, est incompatible avec la démocratie où la transparence en tout domaine est indispensable à l'information et à l'éducation des citoyens responsables.

(1) Le rapport Debray associe l'ésotérisme au fanatisme et à l'irrationalisme. Si dans notre approche (bulletin d'Informations n°6, page 7, § 8) nous préconisons que tout ésotérisme doit être quitté, c'est pour la simple raison que la hiérarchie occulte qu'elle représente doit actuellement être extériorisée.
(2) " Les Frères invisibles " de G. Ottenheimer et R. Lecadre (chez Albin Michel)

 

   

 

 

 

MANIFESTATIONS A VENIR

Une exposition de l'Atelier 2013
aura lieu à la Voûte Félix Chabaud,
au village de Venelles (13),
du 14 au 27 octobre 2002

L'ouverture au public se fera de 14h30 à 18h30 tous les jours,
les matins étant réservés à l'accueil des scolaires.

 

     
 
ECHANGE-REFLEXION

LA DEMOCRATIE :
PARLONS-EN !

par Johan ISSELEE

I - REPUBLIQUE ET DÉMOCRATIE

" Je hais vos idées,
mais je me ferai tuer
pour que vous ayez le droit de les exprimer. "
VOLTAIRE


Dans le contexte généralisé d'aveuglement spirituel dans lequel baigne l'humanité, il n'est pas aisé d'aborder certains sujets et, moins encore, de remettre en question certaines notions et vérités instaurées sans susciter la suspicion, l'irritation, voire le rejet quasi pavlovien de ceux dont l'honnêteté intellectuelle et le sens critique ont été anesthésiés par le radicalisme et la tyrannie que génère leur illusoire supériorité.
Depuis l'époque des Lumières, Monsieur Voltaire, les choses ont bien changé, certaines heureusement ont évolué, mais beaucoup se sont dégradées.
Il y a eu, bien sûr, la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, qui a fait de la liberté de conscience et d'expression un droit individuel imprescriptible dont devrait jouir chaque être humain, mais les événements survenus autour des dernières élections présidentielles en France nous ont fait comprendre que, dorénavant, il y a une bonne liberté de conscience et une mauvaise liberté de conscience, -celle où l'on pense comme il se "doit" et celle où l'on croit pouvoir penser comme on veut-, subtile distinction d'où découlent tout naturellement une bonne intolérance et une mauvaise intolérance, une bonne haine et une mauvaise haine.
Quoi qu'il en soit, nombreux sont les faits et les réalités sociales qui nous prouvent que la plupart de nos politiciens n'ont rien compris à ce qu'est la démocratie qui, pour d'aucuns, n'est rien d'autre qu'un cheval de Troie servant à introduire subtilement leur totalitarisme idéologique dans la Cité.
Le climat de flou, de mollesse, d'anesthésie intellectuelle où les confusions, les amalgames et les contradictions règnent, laisse la porte grande ouverte à la manipulation mentale, un phénomène que l'on croyait réservé aux sectes.
Du fait que toute référence à LA VERITE soit abolie -chacun ayant sa propre vérité, liberté oblige-, ceux qui prétendent avoir des vérités plus vraies que les vérités des autres se prennent le droit "naturel" de les imposer.
Pour sortir du processus de dégénérescence et de démagogie généralisée qui sacrifie la conscience individuelle au pouvoir totalitaire de la pensée imposée, il est nécessaire de faire table rase des idées reçues et de reconsidérer les choses à la lumière du bon sens et en toute honnêteté, pour aborder avec lucidité et avec humilité la question fondamentale du sens de l'existence. Sans ce préalable, il est inconcevable de prétendre organiser la société en mariant l'aspect individuel et collectif de l'existence, de même qu'il est impossible de comprendre en quoi la démocratie se distingue de la république, en quoi les démocrates se différencient des républicains.
Les historiens s'accordent sur le fait que les notions de république et de démocratie ont des contenus différents, selon le contexte historique, géographique, culturel et doctrinal dans lequel elles sont employées.

En opposition avec le royaume, la république se définit comme un régime dans lequel la fonction d'État ne se transmet pas par hérédité, mais n'est pas pour autant à confondre avec la démocratie (il existe de nombreux royaumes démocratiques).
L'histoire nous montre que la république peut aussi bien revêtir une forme aristocratique (comme ce fut le cas à Venise), que philosophique (la république selon Platon), que démocratique (la république selon Aristote). Il est intéressant de noter que ce dernier a mis en évidence que tout régime politique peut connaître une déviation perverse, détournant un régime au profit de son contraire, ainsi la monarchie éclairée s'oppose à la tyrannie, l'aristocratie à l'oligarchie, et la république démocratique… à la république démagogique. Ce que nous vivons aujourd'hui redonne de l'actualité aux propos d'Aristote.
Ainsi la république dans laquelle peut naître et éclore la démocratie ne saurait être assimilée à la démocratie.
Personne ne réfutera que la République française, issue de la Révolution, est une république maçonnique qui a, bien sûr, réalisé une partie de ses idéaux, mais qui, du fait de l'infiltration de l'illuminisme bavarois dans la maçonnerie (1), a dégénéré en une république démagogique ; une république démagogique ayant pour fer de lance le pouvoir médiatique dont l'absence de neutralité et la désinformation orchestrée commencent à rebuter même les plus intoxiqués.
Il est bon que les nostalgiques des républiques antiques se rappellent que celles-ci étaient loin d'être démocratiques, puisqu'elles n'attribuaient qu'à une toute petite fraction de la société la capacité de juger de ce qui constituait le bien commun. Rappelons aussi qu'au moment de l'instauration de la IIIe République française, la représentation parlementaire n'a été acceptée qu'avec réticence. Tout récemment encore, on a refusé de consulter le Parlement pour définir si le pays devait ou non prendre part aux agressions guerrières décidées par les " grands " de ce monde.
Il est donc clair que la république ne donne pas, comme le ferait une démocratie, le pouvoir à l'ensemble du peuple mais à une "élite" (notion d'origine théocratique et aristocratique).
Si nous souhaitons que le monde évolue vers la démocratie planétaire et non pas vers une république mondiale qui instaurerait la dictature finale d'une toute petite minorité, il devient plus qu'urgent que nous sachions déjouer les pièges des discours politiciens, lesquels, par l'amalgame république-démocratie, sèment et entretiennent la confusion dans les esprits.
Citoyenneté et responsabilité individuelle sont des notions éminemment démocratiques qui transcendent les clivages politiciens dont se nourrit l'idéologie républicaine. Par ailleurs, pour que les choses changent, il faudrait que les instances occultes qui, depuis des générations, ont l'autorité et le pouvoir en main soient prêtes à " sacrifier " (2) leur dirigisme et leurs prérogatives pour que s'instaure une véritable démocratie.
Dans une démocratie, il n'y a ni gauche ni droite, ni centre, ni ceux "d'en haut" et ceux "d'en bas", mais un ensemble d'individualités, avec leurs forces et leurs faiblesses, que l'on se doit de respecter et qui ont le droit d'évoluer librement en s'exprimant librement. Dans une démocratie, c'est dans le respect total des différences et des divergences, nécessaires à la complémentarité, que l'on œuvre ensemble à la gestion de la Cité.
(A suivre…)

(1) Illuminisme bavarois : Fer de lance du mondialisme au service de l'hégémonie bancaire supra-nationale. Le Comte de Mirabeau et Necker en étaient d'importants agents. Lire " Des pionniers sur l'échiquier " de W.G.CARR (Editions Saint Rémi -BP 79- 33410 Cadillac)

(2) Notion de sacrifice pourtant bien connue dans certains milieux maçonniques dont on peut lire dans le rituel secret du 14ème degré des " Grands Elus Parfaits et Sublimes Maçons " (par Thomas M. Clenacker, grand maître des cérémonies du Suprême Conseil d'Edimbourg) : " La France est la Nation-Christ qui doit se sacrifier pour la régénération de l'Humanité en portant au sommet l'idéal maçonnique : le triomphe de la Raison Pure. "

 
 
 
COURRIER

Après avoir accompagné une classe de maternelle en visite au musée des arts océaniens et africains (MAOA) à la Vieille Charité à Marseille, je tiens à vous faire part de mes prises de conscience à propos des différentes façons d'accueillir un public scolaire à une exposition.
Au MAOA, nous avons été accueillis par un jeune animateur dynamique et bien préparé. Dès le début de la visite, on a invité les enfants

à s'asseoir devant une vitrine de la salle des masques africains et on leur a demandé de reconnaître quelques pièces à partir de leur description. Ensuite, des jeux avec des reproductions de ces masques leur ont été proposés à trois reprises devant trois vitrines différentes. Au bout de vingt-cinq minutes, il a fallu se dépêcher de sortir car la visite était terminée.
Si l'animation était de qualité et si les enfants ont bien été canalisés et intéressés, je regrette qu'à aucun moment, ils n'aient eu la possibilité d'évoluer librement dans la salle et de se diriger selon leurs attirances vers les pièces exposées. Une fois de plus, on leur a déversé un savoir sur quelques pièces choisies à l'avance et proposé de multiples expériences, sans leur laisser le temps ni la liberté de découvrir par eux-mêmes la richesse de l'exposition.
J'ai ressenti à travers cette façon de faire, la peur, des organisateurs, d'être débordés par les enfants ; il faut tout de suite les occuper, les diriger physiquement et mentalement afin qu'ils ne nous échappent pas. Ce procédé, très répandu dans la société actuelle, me paraît découler d'un méconnaissance de la nature humaine. Contrairement aux idées reçues, les enfants aspirent au calme et aux espaces vierges ; ils ont besoin d'évoluer librement pour se forger, en toute autonomie, une individualité résultant non pas d'un nivellement de masse, mais de la rencontre entre le monde tel qu'il est, sans artifice, et leur personnalité profonde.
Cette expérience a mis pour moi en évidence toute la valeur de l'approche d'ART & Démocratie dans l'accueil du jeune public aux expositions. L'instauration du calme et du silence comme base préliminaire pour apprendre à regarder les œuvres, à en saisir le sens caché et à se laisser toucher émotionnellement, me paraît essentielle. Les enfants saisissent très bien cela et savent respecter ces conditions qui sont celles de leur liberté, et ce d'autant plus que l'on va ensuite solliciter leur avis, leur demander d'exprimer sans honte leurs préférences.

D.C. Eguilles



SUITE À L'EXPOSITION D'EGUILLES, NOUS AVONS REÇU DES DESSINS ET DES TÉMOIGNAGES DONT VOICI QUELQUES EXTRAITS :

A notre arrivée, nous avons été accueillis par trois personnes et le peintre Johan. Nous nous sommes présentés. Ils nous ont conseillé de prendre un temps pour regarder les tableaux, puis nous nous sommes assis pour remplir un questionnaire avec l'aide des accompagnatrices et des hôtesses d'accueil de l'exposition. Ensuite Johan nous a expliqué comment il s'y prenait pour réaliser ses peintures, ses cadres...
B. : C'était bien. Les tableaux étaient beaux. Après avoir vu les tableaux, j'étais ému et j'aimerais revoir ses tableaux. Ailleurs c'est rare de voir le peintre. A Eguilles c'était bien présenté. Le questionnaire permet de réfléchir, de mieux comprendre.
J. : Ce qui m'a marqué, c'est la sculpture avec les lunettes, c'était intéressant. Avec le peintre, on a pu parler de mandalas.
R. : J'ai bien aimé le tableau de la mer avec les galets. J'ai dit au peintre que c'était beau.
M. : Les cadres étaient beaux, j'ai bien aimé le "bateau poisson".
C. : Avec Johan on a parlé du tableau que je préférais "Le Trialogue". Ça m'a touché au fond du coeur. J'avais bien réfléchi, c'est le regard qui m'a touché. Les quatre yeux regardent dans le même sens. J'aimerais le revoir. Après l'exposition, j'ai eu envie de continuer à peindre. La rencontre avec le peintre m'a beaucoup aidé. Suite à cette rencontre, je me suis laissé aller dans une peinture que j'ai réalisée.

Les éducatrices : Le sens et les valeurs de "l'Art modeste" de notre groupe sont sortis grandis par la clarté et la sensibilité dégagées par l'analyse simplifiée faite par Johan sur ses oeuvres et sur la peinture en général. La visite nous a confirmé que la peinture a un impact extraordinaire sur le comportement de chacun face à une œuvre... Le regard... Le geste... Les mots...

En assistant à l'accueil d'un groupe d'enfants par les artistes de l'Atelier 2013, j'ai été touchée par le caractère quasiment sacré du calme qui s'instaure lorsque chaque enfant est totalement investi dans l'exploration des œuvres, dans la découverte de ces mondes inconnus qui éveillent ses émotions. Indéniablement, il y a là un travail en profondeur qui s'opère et qu'il paraît nécessaire de protéger en s'abstenant, nous adultes, d'imposer par le discours notre goût, nos concepts ou nos interprétations.
Dans un second temps, après la découverte, quand l'émotion a pu se vivre et s'exprimer, il paraît légitime d'apporter des explications en réponse aux interrogations des enfants sur la manière dont une œuvre est née, sur la façon de la réaliser ou sur l'artiste qui en est à l'origine.
Bien sûr la visite peut ensuite déboucher sur des animations ludiques, sur des ateliers de création artistique ou autre… mais, de grâce, ne passons plus à côté de l'essentiel : cultiver sa réceptivité esthétique au contact de la beauté, reconnue en soi-même et non imposée par des spécialistes de la culture !

Une enseignante

 

 

LES ÉLÈVES DE CM2 DE MADAME MARIGOT (ÉCOLE SAINT-EXUPÉRY - LA FARE-LES-OLIVIERS) ONT ÉCRIT UN COMPTE RENDU APRÈS LA VISITE. EN VOICI DES EXTRAITS :

Mardi 30 avril à 13H30, notre classe est allée en bus voir une exposition d'arts visuels à Eguilles. C'était l'exposition de "l'Atelier 2013". Johan Isselée nous a accueillis. Il nous a expliqué comment regarder une œuvre d'art.
Il y avait quinze œuvres d'art : installations, mosaïques, sculptures et tableaux. Nous les avons observés pendant environ vingt minutes par groupe de deux. Différentes émotions arrivaient devant chacune des œuvres comme : la joie, la déception, la tristesse...
A quelques minutes de la fin de la visite, on nous a donné à chacun et à chacune un questionnaire à remplir. Avant de partir de l'exposition, nous avons questionné l'artiste.
Cette exposition était merveilleuse. Les œuvres d'art étaient très originales.

Pierre

 

... Nous nous sommes réjouis devant les œuvres. Nous avons pris quelques notes.
La N°1 s'intitulait "Clair de lune". La N°2 s'appelait "Promenade au bord de mer". C'était un tableau où il y avait des faux et des vrais cailloux. La N°4 s'intitulait "Vincent m'a dit". C'était une baleine qui mangeait toutes sortes d'aciers et qui avait des personnes sur son dos. Après ça nous avons pu poser toutes sortes de questions.
J'ai bien aimé cette exposition et j'aimerais qu'elle soit montrée à d'autres personnes, car c'est étrange. On se pose des questions et après on nous répond. En plus, on nous a donné un questionnaire et ça, j'ai bien aimé.

Sylvain

 

... Après que tout le monde ait fini de mettre son questionnaire dans l'urne, nous nous sommes tous assis, ainsi que Johan Isselée et nous lui avons posé des questions. L'exposition était bien et les tableaux très beaux.

Victoria

 

... J'ai trouvé cette visite très bien puisqu'on a pu poser des questions et avoir des réponses.

Mika

 

Monsieur Johan Isselée nous a expliqué que pour apprécier vraiment les arts, il fallait savoir ressentir les œuvres dans le fond du cœur. Il a dit qu'il ne fallait pas être influencé par les autres élèves, que le choix d'aimer ou de ne pas aimer nous appartenait...
Les personnes qui s'occupaient de l'exposition nous ont donné un questionnaire anonyme qui comportait sept questions : les œuvres préférées, les œuvres les moins aimées..., donc l'avis du public. A la fin, nous avons posé des questions à l'artiste sur les œuvres comme par exemple : d'où venait l'inspiration ? L'artiste a répondu qu'il avait une vision du tableau et qu'il se mettait au travail à partir de cette idée.
Je suis sorti de l'exposition ému, très ému. C'était magnifique, splendide et je ne sais que dire ! J'ai beaucoup apprécié !

Thomas

 

 

Johan Isselée nous a accueillis et nous a expliqué ensuite qu'il fallait bien observer et qu'il ne fallait pas avoir honte de notre avis et de nos préférences. Ensuite nous nous sommes dispersés pour bien observer les œuvres. Il y en avait quinze en tout : dans les sculptures, il y en avait de très originales comme celle dont on pouvait changer le regard qui s'appelait "Rencontre". Dans les installations, il y avait une grosse pomme noire étoilée, c'était la "Pomme pour la nuit". Parmi les tableaux, quelques-uns étaient très jolis : "Le serpent rouge", "Château poisson", "Clair de lune", "Le trialogue" et d'autres encore... Je suis très contente d'avoir vu cette exposition et aussi d'avoir pu donner mon avis en répondant au questionnaire.

Lya

 

Johan Isselée nous a présenté quinze de ses œuvres symboliques. Il y avait des sculptures, des tableaux et des mosaïques. Antoine et moi, nous n'avons pas eu trop d'émotions devant les œuvres... J'ai plutôt apprécié cette visite.

Anthony

 

 

... Un artiste nous a expliqué comment allait se dérouler la visite, et qu'il ne fallait pas juste passer devant le tableau, mais essayer de rentrer dedans. Anthony et moi sommes allés vers "Une certaine vision de l'enfer" et fait le tour. "Le trialogue" était très bien trouvé pour prouver que tout le monde sur la terre est égaux. Le questionnaire était très bien. ...Cette exposition m'a plu. La mosaïque et Michel Polnaref étaient très bien trouvés. C'est dommage qu'il n'y ait pas eu plus de tableaux dans cette exposition.

Antoine

 

... Il y avait un poireau disposé en dessous d'une œuvre, c'était pour remplir l'espace vide et pour rendre encore plus de couleurs. Il y avait aussi une paire de chaussures disposée au pied d'une sculpture ; c'est parce que le soir, avant de s'endormir, l'artiste prenait une pomme, alors cela lui a donné une idée... Une fois à l'école, nous avons parlé de cette visite en disant que c'était une belle journée !

Livia

 

Ce mardi-là, ce n'était pas un mardi comme les autres, on avait rendez-vous à la mairie d'Eguilles pour aller voir l'exposition "ART & Démocratie". On nous a expliqué la manière de regarder les œuvres : il fallait dire vraiment ce que l'on pensait des œuvres, car c'était important et c'était aussi le but de cette exposition. Nous avons attentivement regardé les quinze œuvres comme nous l'avait dit Johan Isselée. Puis, quand nous eûmes fini, il nous demanda de remplir un questionnaire pour donner notre avis. Après avoir observé les œuvres et répondu au questionnaire, nous avons posé une dizaine de questions à l'artiste...
J'ai trouvé cette exposition très intéressante, de plus on ne m'avait jamais demandé mon avis sur des oeuvres. J'ai trouvé que Johan était un homme très inspiré par les formes géométriques et aussi pour les cadres des tableaux.

Justine

 

... Julien et moi, nous nous sommes dirigés vers le tableau n°14 "Bruges la morte". Nous avons remarqué que le haut du tableau représentait le paradis et le bas l'enfer... J'ai bien aimé l'exposition, mais je n'ai pas eu le temps de bien regarder chaque œuvre.

Julian

 

... Thibaud a posé à l'artiste une question importante pour moi :
- Pourquoi avez-vous choisi d'être peintre ?
- Mon père était peintre et je voulais faire pareil que lui.
Il y a eu d'autres questions, mais moins importantes que celle-ci. La visite m'a plu, mais il n'y avait qu'une salle. Si je devais noter cette exposition je mettrais 17/20 (bien). Nous sommes repartis dans l'espoir de faire comme Johan Isselée.

Guillem


Arrivés à l'exposition, un réalisateur des peintures nous a expliqué comment regarder les œuvres... Nous avons pris des notes selon le plaisir qu'on avait. Le questionnaire était individuel et comprenait sept questions. Nos réponses ont surtout été positives... On a bien aimé l'exposition, car les peintures étaient bien faites et que l'artiste avait eu de bonnes idées...

David



 

ART & Démocratie
Le Brancaï - CD 46
13790 Châteauneuf-le-Rouge

 

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