Madame, Monsieur, Chers amis,

Malgré le soutien de l'Etat, des médias et les moyens financiers importants réservés à leur développement, l'Art Contemporain et l'idéologie qui le sous-tend sont loin de conquérir l'adhésion du grand public. Face à tout échec, il est bien sûr plus facile de traiter "les autres" avec condescendance et mépris en les culpabilisant que de remettre en question ses propres valeurs, vérités et certitudes. Il serait grand temps d'entamer une réflexion honnête et approfondie sur le phénomène de l'Art Contemporain. Après de longues années de débats, de polémiques et de controverses, on est loin d'aboutir à un consensus au niveau philosophique, sociologique, artistique et esthétique et on peut dire que non seulement l'Art Contemporain divise de plus en plus les spécialistes, mais qu'en plus il rencontre le rejet de la majorité de la population, fait d'une importance capitale dans une démocratie.
S'il y a désaccord intellectuel, il est certes plus aisé de refuser, d'empêcher tout débat contradictoire en taxant "les autres" de réactionnaires, de révisionnistes, voire de néofascistes, que d'entamer une saine confrontation d'idées.
Quoi qu'il en soit, il est indéniable que nous sommes confrontés à une tentative de mainmise sur la sensibilité humaine par des groupes d'influence qui se prennent pour les maîtres du cœur, de l'émotion et du goût et cherchent à imposer leurs critères et leurs préférences avec l'appui d'un gigantesque réseau financier, de circuits commerciaux, de structures "officielles" et de commissions en tout genre, s'octroyant ainsi le droit de "légitimer" ce qui serait de l'art et ce qui ne le serait pas. La lecture de l'étude " Les galeries d'Art Contemporain en France " (1) met en lumière la machination complexe et raffinée de cette " légitimation ". Non négligeable aussi est l'appui des philosophes, des sociologues et des penseurs qui ne sont entendus qu'à condition que leurs idées épousent et renforcent l'idéologie imposée.
Il ne s'agit pas de jeter l'anathème sur l'art actuel dont le rôle ingrat mais indispensable, dans un monde en crise et en mutation, est de sonner le glas d'un temps et d'une mentalité révolus. C'est le dévoiement de l'art que l'on déplore. Plutôt que de servir la libération des consciences, ce phénomène mondialisé et qui se veut universaliste ne fait que renforcer la restriction des libertés individuelles et contribue à la massification des consciences, fondement de tout totalitarisme.
A ceux qui nous reprocheraient d'associer art et politique, nous tenons à rappeler primo : que la politique au sens noble du terme concerne tous les aspects de la vie sociale dans laquelle l'art a toujours joué un rôle culturel essentiel d'unificateur et que dans le monde à venir la création artistique, libérée des servitudes religieuses, patriotiques, idéologiques et contestataires, aura une fonction de premier ordre à remplir en tant qu'agent d'équilibre et d'harmonie ; secondo : que l'Art Contemporain, depuis longtemps déjà, est l'arme politicienne par excellence, faite pour instiller et véhiculer des principes et des mots d'ordre idéologiques. Dans un article, De Bravura (2) met en parallèle l'étude précitée avec celle publiée en 1963 dans le " Congressional Record Appendix " du Congrès des Etats-Unis qui publie les 45 objectifs du Parti Communiste (lire : du Marxisme) dans les pays à coloniser. On peut y lire :

- N°22 : " Continuer de discréditer la culture en dégradant toute forme d'expression artistique… éliminer toutes bonnes sculptures des parcs et des édifices pour substituer des représentations informes, gauches et dépourvues de sens ".

- N°23 : " Contrôler les critiques d'art et les directeurs de musées artistiques. Notre plan est de promouvoir la laideur, l'art repoussant et qui ne signifie rien ".

- N°24 : " Eliminer toutes les lois qui condamnent l'obscénité en les appelant "censure" et "violation de la liberté d'expression" par la parole et par la presse ".

Concordances des plus troublantes qu'on ne saurait en toute bonne foi attribuer au seul hasard.
Au fur et à mesure de nos lectures, investigations et découvertes, le phénomène de l'Art Contemporain -qui a bien sûr plusieurs aspects positifs et constructifs- se révèle être avant tout une gigantesque manipulation des consciences et des sensibilités, qui vise à éradiquer la distinction entre le beau et le laid (3) sur laquelle se fonde l'approche esthétique de l'existence à laquelle aspire et se prépare l'humanité. La beauté et l'émotion esthétique ne s'imposent pas comme on imposerait des dogmes et des croyances religieuses, et la liberté d'expression, à laquelle peut prétendre tout créateur, ne lui confère pas pour autant tous les droits, et dans une démocratie, certainement pas celui d'ignorer et de dénigrer l'avis de la majorité.

(1) " Les galeries d'Art Contemporain : portraits et enjeux dans un marché mondialisé " Edité sous l'égide du ministère de la Culture et de la Communication. La Documentation Française. 29, quai Voltaire 75344 Paris cedex 07.

(2) " Art officiel... vous financez le scandale " article de De Bravura dans : Lectures Françaises n°545. D.P.F. BP1 - 86190 Chiré-en-Montreuil.
(3) Jean de Loisy, commissaire de l'exposition " La beauté en Avignon " affirme que s'il avait choisi le thème de la laideur plutôt que celui de la beauté, il aurait présenté exactement la même exposition. (In : France TGV, juillet 2000).
COMPTE RENDU DES MANIFESTATIONS

EXPOSITION DE L'ATELIER 2013 A LA VOUTE CHABAUD, VENELLES (13) DU 14 AU 27 OCTOBRE 2002

L'Office Municipal de la Culture et de la Jeunesse de Venelles avait inclus à son programme l'exposition d'ART & Démocratie et a contribué à toutes les étapes de l'organisation de cette manifestation, en prenant entièrement en charge le tirage des invitations et des affiches, le contact avec les écoles et la planification de leurs visites, le vernissage et en donnant un
coup de main pour l'installation des œuvres exposées. Un accueil chaleureux que nous avons grandement apprécié !

Préparation de l'expo

 

Mme Emmanuelle Millo, Responsable de la Culture, a été présente à tous les moments de cette mise en route jusqu'au vernissage, auquel M. Babuleaud, élu à la Culture, Président de l'OMCJ a eu l'amabilité d'être présent. "Vous avez su dynamiser la population ! " nous ont dit les responsables de l'OMCJ en faisant le bilan du taux d'affluence à la Voûte Chabaud durant toute la durée de l'exposition.
Outre le bouche à oreille qui a beaucoup fonctionné, la parution dans la presse, un samedi, d'un sympathique article écrit par Mme Milési, correspondante de " LA PROVENCE " à Venelles, a fait venir du monde. Mme Milési avait rencontré plusieurs membres de l'Atelier 2013 dont son animateur, ainsi que d'autres membres d'ART & Démocratie dans la semaine qui précédait l'exposition.

Photo du vernissage

 


Au total, il y a eu 754 visiteurs :
· 450 visiteurs (adultes et enfants)
· 12 classes (304 enfants) de Venelles et de La Fare Les Oliviers.
· 240 adultes et 350 enfants ont répondu au questionnaire qui leur était proposé.

Lors des visites de toutes les classes, l'animateur de l'Atelier 2013 a tenu à accueillir personnellement les enfants afin de répondre à leurs questions parfois très pertinentes portant sur le phénomène de l'inspiration dans l'art, ainsi que sur les différentes techniques employées pour élaborer les œuvres présentées. Il a même donné des conseils simples pour permettre aux enfants motivés de s'essayer à leur tour à intégrer différents éléments et techniques dans une même réalisation.


L'impact a été important puisque de nombreux enfants de la commune sont revenus pour revoir l'exposition, souvent en y entraînant leurs parents.
Une très grande majorité des enfants se déclare " joyeux " et " calme " en sortant de l'exposition, la presque totalité d'entre eux apprécie beaucoup de répondre au questionnaire.
Pour les enfants, il est à noter aussi, pour cette exposition, qu'il y a eu une très grande diversité dans le choix des œuvres préférées comme dans le choix de celles qu'ils aiment le moins.
Des personnes qui avaient vu l'exposition d'Eguilles en avril 2002 sont aussi venues à celle de Venelles, en particulier un peintre animateur d'un atelier qui avait fait le déplacement avec ses élèves.

 



COMPTE RENDU DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE ART & DÉMOCRATIE

Notre assemblée générale annuelle a eu lieu au centre Co-Naissance à Aix-en-Provence, le 1er février 2003. Nous avons eu le plaisir d'y accueillir des membres stéphanois qui ont pris la peine de faire le voyage spécialement pour cette occasion.
Dans son intervention le Président a rappelé le but de notre action qui est de contribuer à libérer l'art de toute dictature intellectuelle et financière, mettant en évidence que l'époque est au changement de mentalité qui bouleverse la manière d'aborder l'existence. L'approche esthétique de l'existence, qui est spirituelle et individuelle, remplacera graduellement les approches religieuses, idéologiques et philosophiques.
Après un rappel succinct des manifestations de l'année écoulée, le Président a évoqué le projet d'élargir le champ d'action de l'association par l'organisation d'ateliers de diverses disciplines artistiques (mosaïque, vitrail, peinture et dessin, sculpture, écriture, théâtre, danse, musique...). Il va de soi qu'un tel projet nécessitera mûre réflexion avec les partenaires concernés.
Après un bref compte rendu du secrétaire et du trésorier, les votes réglementaires ont reconduit le Conseil d'Administration dans sa fonction.

 




Comptabilité - Comptes de Charges et Produits

EN BREF

OÙ EN SONT LES CLASSES À PAC (Projet Artistique et Culturel) ?

Les classes à PAC font maintenant partie du programme de l'Ecole. Chaque élève doit bénéficier de deux classes à PAC (au lieu de quatre prévues initialement...) durant sa scolarité primaire, l'une à l'école maternelle, l'autre à l'école élémentaire. Mais deux classes à PAC n'ont que peu d'incidence sur la scolarité, car cela ne correspond qu'à quelques heures de cours en présence d'un artiste. Souvent, les crédits alloués se font attendre, ce qui désorganise les projets. Dans les Bouches-du-Rhône, comme sans doute dans la plupart des départements, le nombre de demandes de classes à PAC ne cesse d'augmenter, mais aucun financement n'est arrivé du ministère en 2002. Cette année, au mois de janvier 2003, l'Inspection ne sait toujours pas si les crédits promis par l'ancien gouvernement vont être octroyés par le nouveau...
L'actuel ministre de la Jeunesse, de l'Education nationale et de la Recherche (nouveau nom !), Luc Ferry s'est engagé à faire respecter les nouveaux programmes sortis sous Jack Lang, mais je n'ai pas l'impression qu'il fasse de l'éducation artistique sa priorité. C'est plutôt le concept de " transversalité " entre les différents domaines enseignés qui prend le dessus : littérature, lecture d'image, structuration du temps et de l'espace, mathématiques, tout est un ! Même les objectifs du Scéren (1), dont Claude Mollard est le directeur général depuis l'élaboration du Plan de cinq ans, se sont modifiés : accompagner le développement des arts et de la culture ne vient plus qu'en quatrième position après le développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication.
La liste des œuvres de référence prévue dans les programmes est sortie pour la littérature, mais pas encore pour les arts plastiques ; l'ultime moyen de la manipulation pour imposer une certaine forme d'art est donc en préparation.
Au mois de juin, j'ai assisté à une rencontre entre des artistes recrutés par la DRAC et des professeurs d'Ecole en vue de préparer les projets artistiques de la rentrée. C'était un peu comme une foire où les enseignants cherchaient au feeling l'artiste qui pourrait travailler avec eux. Les artistes, très jeunes pour la plupart, sortant d'écoles d'art ou venant de l'étranger (plusieurs Chinois ou Japonais) présentaient leur press-book. L'exposition " Panoramique ", présentée en ce moment par l'ASPPA (2) à la Cité du Livre à Aix-en-Provence, est le résultat de ces partenariats. Les travaux, réalisés par les classes avec le concours d'artistes reconnus et financés par la DRAC, montrent que ces derniers peuvent profondément influencer la créativité enfantine au point de lui enlever toute authenticité en lui instillant la marque de l'art dit " contemporain " qui bannit toute idée de sens et beauté.

D.C. - Institutrice - Eguilles (13)

(1) Scéren : Service, culture, édition, ressources pour l'Education nationale.
(2) ASPPA : Association Art, Sciences et Patrimoine en Pays d'Aix.



L'ART A-T-IL TOUS LES DROITS ?

Nous avons participé aux "Rencontres Place Publique" qui présentaient le thème : ART, CENSURE ET DEMOCRATIE au FRAC PACA à Marseille, les 9, 10, 11 janvier 2003.
Au cours de trois tables rondes successives la question : " l'art a-t-il tous les droits ? " ainsi que celle de l'entrave économique à la création et à la diffusion ont été traitées avec la participation, entre autres intervenants, d'Agnès TRECOIRE, avocate, déléguée de l'Observatoire de la liberté d'expression en matière de création de la Ligue des Droits de l'Homme, Richard CONTE, professeur à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et directeur du Centre d'Etudes et de recherche en Arts Plastiques, Christophe KANTCHEFF, journaliste à Politis.

"L'œuvre d'art est de l'ordre de la représentation : elle s'écarte toujours du réel même si elle en fait partie. A ce titre, elle a un statut exceptionnel et ne saurait, sur le plan juridique, faire l'objet du même traitement que le discours politique, public ou journalistique.
Des limites à la liberté d'expression sont nécessaires pour protéger la dignité de la personne, et ses droits fondamentaux, et lutter contre les propos diffamatoires ou discriminatoires. Mais ces limites ne sont pas transposables avec les mêmes interdits et les mêmes sanctions aux œuvres d'art.
" C'est ainsi qu'Agnès TRECOIRE a présenté la première table ronde du 9 janvier.

A partir d'exemples d'associations défendant entre autres choses l'enfant, et demandant l'interdiction ou la destruction d'œuvres contemporaines jugées offensantes, les participants ont posé la question de l'autonomie pénale de l'art, voire de son immunité. Ces associations, qui portent plainte et qui représentent la famille, alimentent une censure relayée par la presse, censure qui, selon Jean-Paul CURNIER (écrivain), n'est que le fonds de commerce de la droite et de l'extrême droite.

Pour Agnès TRECOIRE, il faut "déjuridialiser" ces situations de censure. L'art incarne un pouvoir de transgression, il a le droit d'être choquant. La Ligue des Droits de l'Homme revendique une liberté d'expression plus grande pour les artistes.

Les participants entendent s'attaquer aux censeurs plutôt qu'aux représentations de la violence dans l'art. Il y a une différence entre la représentation et le réel. A partir de quand écrire un acte ou le représenter, c'est le commettre ? Quelle est la frontière entre la fiction et l'apologie dans un roman ayant pour thème la pédophilie ? Et finalement, qu'est-ce que l'art ? La définition de l'art pose problème : les intervenants veulent se débarrasser des critères qui nous font dire "c'est de l'art ou ce n'est pas de l'art". Pour Mathieu LINDON (journaliste à Libération), le procès fait à une œuvre d'art est légitime et propre à la démocratie. Certains critiques d'art sont accusés de dégrader des biens commerciaux : on ne saurait séparer l'art de sa valeur marchande.

"L'art a-t-il tous les droits ? Ainsi formulée, la question risque de surprendre car elle pourrait sous-entendre une approbation tacite des atteintes aux libertés d'expression et d'exposition dont les artistes sont les premières victimes. En fait, elle émane simplement d'une inquiétude : depuis quelques années, de jeunes étudiants en art, à l'instar de leurs aînés, mais avec moins de théâtralité et une insouciance déconcertante, prennent des risques considérables avec leur propre corps, avec les institutions et avec les lois de leurs pays, aussi bien dans les universités que dans les écoles d'art, ici et ailleurs."

Richard CONTE pose ainsi les bases de la seconde table ronde du 10 janvier. Une expérience personnelle qu'il vient de vivre quelques jours avant la conférence soulèvera concrètement le problème des limites entre le réel et le symbolique, entre ce qui est délictueux et ce qui ne l'est pas, remettant finalement en question le fait que l'on doive s'abstenir de tout jugement concernant les œuvres d'art.

Lors du passage d'un diplôme, une de ses étudiantes présente, au milieu d'une exposition, une œuvre singulière : la chaise de son professeur (Richard CONTE) hérissée de cent clous de 4cm dissimulés dans le rembourrage. S'il s'y était assis, comme prévu par l'étudiante, le conférencier n'aurait pas été là le soir de la table ronde !

A-t-on tous les droits ? La question est donc reposée, sans équivoque cette fois, devant ce "passage à l'acte" de l'artiste qui a tenté de s'en prendre à l'intégrité physique du professeur. Mais au fait, qu'est-ce qu'une œuvre ? Du point de vue de l'étude des conduites créatrices, la notion d'œuvre a son corollaire dans la notion d'acte. Le travail créateur crée une œuvre singulière. Créer, c'est inventer une existence. Une œuvre d'art est une pseudo-personne. De plus, l'artiste joue sa vie dans sa création. Il y a une compromission existentielle. On peut obéir à l'œuvre en désobéissant aux lois, d'où un affrontement des pouvoirs.

Agnès TRECOIRE a également présenté la façon dont le droit appréhende l'œuvre à travers le droit d'auteur (lien patrimonial entre l'auteur et son œuvre) et le droit moral qui est le droit de donner son nom à son œuvre, de divulguer l'œuvre et de la retirer de la circulation quelles que soient les circonstances (droit de repentir). Pour donner le statut de droit d'auteur, on observe l'œuvre non selon son mérite (pas d'évaluation esthétique), mais selon son originalité (trace de la personnalité de l'auteur). La loi ne protège pas les idées qui doivent circuler librement, mais la forme matérielle de l'œuvre.

Deux artistes ont ensuite présenté leur travail "Les espaces illégaux" et "Du chevalet au P38" :

- Une diapositive montrant Antoni COLLOT (artiste) volant un fragment d'une œuvre marxiste au Centre Pompidou (5g de rouille) ; l'acte initial de cette "pratique artistique" est la "narration mondaine de cet exploit couard"… Ces petites actions ont pour vocation de semer un micro-désordre dans la société.

- Une diapositive montrant Stéphane DE MEDEIROS entre deux policiers suite à un hold-up dans une pharmacie pour voler un coton-tige. Cette "pièce" relève vraiment du délit.

Pour Jean-Claude MASSERA (commissaire d'exposition) l'artiste est libre de faire scandale, et doit pouvoir rendre compte de ses œuvres devant le public et non devant la police.

Enfin Christophe DOMINO a présenté le manifeste de la Ligue des Droits de l'Homme demandant l'abrogation de la loi de 49 sur la protection des mineurs, ainsi que des articles du Code Pénal visant à protéger la dignité de la personne et ses droits fondamentaux pour tout ce qui concerne le domaine de l'art. "Il revient aux médiateurs (critiques d'art, commissaires d'exposition, presse, institutions…) de prendre leur responsabilité à la fois vis-à-vis des auteurs et du public…" L'exercice de cette responsabilité doit remplacer toute forme d'interdiction. La justice ne doit rien interdire au niveau de l'art. Même la chaise à clou ???

 


Nous n'avons pas pu assister à la troisième table ronde dont voici la présentation par Christophe KANTCHEFF.

"Contrairement à la censure politique, la censure économique, ou plus exactement l'entrave économique à la liberté de création et de diffusion, relève de mécanismes aussi insidieux que puissants. Ces mécanismes obéissent aux logiques de l'économie libérale et à ses critères : concentration, augmentation des taux de rentabilité qu'on exige immédiate, stratégies de groupes.
Sur le plan international, le combat pour l'exception culturelle a montré ce qui était en jeu : la survie de cinémas nationaux hors des normes hollywoodiennes, tant sur le plan de la production que de la diffusion. Mais les effets de la "marchandisation" de la culture, dans le contexte de la mondialisation, se font ressentir dans tous les champs artistiques : surproduction éditoriale à l'automne qui noie une partie des œuvres littéraires, exploitation de plus en plus courte des films fragiles, perte de pans entiers de catalogues discographiques…
".

Notre conclusion :


Ces débats nous ont paru avant tout être l'expression voilée d'une lutte idéologique politicienne droite-gauche qui n'a aucunement soulevé la question fondamentale de la fonction de l'art et donc de la responsabilité de l'artiste dans une démocratie ou, plus que dans tout autre régime, toute action a pour but de renforcer la cohésion sociale. Quelle est, dans une démocratie, où l'autonomie individuelle remplace toute autorité extérieure et où l'artiste devient un "démiurge", la place du subjectivisme humain avec tout ce que celui-ci peut contenir de mégalomanie, de désir de pouvoir et de paraître, de déséquilibres, et de névroses en tout genre ?

"…Comment penser le lien (social, bien entendu, mais pas seulement) dans une société qui prétend partir des individus pour construire du collectif ? C'est dans le domaine de l'esthétique que cette question se lit à l'état pur, parce que c'est en elle que la tension entre l'individuel et le général, entre le subjectif et l'objectif est la plus forte." (Luc FERRY dans "Le Sens du Beau" Ed. Le Livre de Poche).


 

   

 

 

 

MANIFESTATIONS A VENIR


Malgré l'importance accordée à la vie culturelle, nous rencontrons de plus en plus de difficultés à trouver des lieux d'exposition. La décentralisation qui aurait dû avoir pour conséquence de favoriser les initiatives locales se voit compromise par la mise en place de la communauté des communes qui inféode de plus en plus les villages aux grandes villes, lesquelles sont elles-mêmes déjà sous l'emprise du dirigisme étatique. C'est ainsi que l'art contemporain, avec ce qu'il véhicule de meilleur et de pire, diffuse son label jusque dans les foires artisanales traditionnelles et les expositions d'amateurs. A Aix, sur une affiche on pouvait lire : " Hommage à Cézanne : le père de l'art contemporain " !?! Beaucoup plus insidieux est le fait que cette recentralisation régionale permet d'instaurer une censure sélective de la vie culturelle des communes, refusant tout ce qui ne répond pas aux critères de l'idéologie imposée. Voici un exemple de réponse reçue suite à une demande de salle pour exposer les travaux de l'Atelier 2013 (c'est nous qui soulignons) :

"Vous avez fait vœux de présenter un dossier auprès de la structure associative Artéum, Musée d'art contemporain de la commune de Châteauneuf-Le-Rouge.
Ce dossier a retenu notre attention, mais nous avons le regret de ne pas pouvoir lui réserver actuellement une suite favorable. Effectivement, les directives des expositions programmées ne correspondent pas avec l'orientation de vos travaux plastiques.
"

On ne saurait être plus clair !!
Mais nous ne baissons pas les bras ; malgré les difficultés rencontrées, plusieurs contacts sont en cours.

le village de Pourrières et la montagne Sainte Victoire

Une exposition de l'Atelier 2013
aura lieu à la salle de la Mairie,
à Simiane (13),
du 28 mars au 4 avril 2003
vernissage vendredi 28 mars à 18h

ouvert de 9h à 12h et de 14h à 18h
fermé samedi après-midi et dimanche




     
 
ECHANGE-REFLEXION

LA DEMOCRATIE :
PARLONS-EN !

par Johan ISSELEE

II - Soyons réalistes

" Ce qui n'est pas dans les actes,
n'est pas dans le monde. "
(Proverbe latin)



Depuis les temps les plus reculés, chaque être humain en particulier et l'humanité dans son ensemble aspirent à vivre en paix et dans la liberté.
Souhait naturel et légitime qui devrait permettre à chacun de réaliser son propre bonheur, par ses propres efforts, selon ses aptitudes naturelles, besoins et aspirations.
Le monde étant prêt à quitter définitivement l'opposition matérialisme-spiritualisme qui divise l'individu en lui-même et les collectivités entre elles, l'homme du troisième millénaire aspire à une approche RÉALISTE de l'existence qui lui permette d'épanouir la totalité de son être en satisfaisant tant les besoins matériels que spirituels, inhérents à la condition humaine.
Ce n'est que graduellement, et non sans peine, au fil de ses expériences, de ses réussites et de ses déboires, qu'il prend conscience que le passé n'étant plus, et le futur n'étant pas encore, le RÉEL est de l'instant présent, UNIQUEMENT DE L'INSTANT PRÉSENT, et que par conséquent rechercher la plénitude en vivant pleinement l'instant présent est la seule approche réaliste de l'existence.
C'est la raison principale pour laquelle les hommes actuels ne savent plus se satisfaire d'idéaux à réaliser ou de bonheur à atteindre dans un avenir lointain, voire dans une vie après la vie. Ils aspirent à la joie de vivre et à la satisfaction profonde que procure le fait de vivre pleinement l'ici et maintenant, libres de toutes entraves.
Se donner totalement et s'oublier dans ce que l'on fait, accomplir des actes utiles et de qualité, tels sont les critères de la réelle joie de vivre qui fait prévaloir la qualité sur la quantité, l'être sur le paraître.
Cette manière réaliste d'approcher et de vivre le réel que connaissent encore les enfants n'est que subodorée par le monde des adultes qui le recherchent en vain et de façon erronée, non pas en s'investissant dans l'acte en tout désintéressement comme le fait l'enfant, mais en convoitant le fruit de l'acte que l'on voudrait tout de suite et sans effort. Cette façon pervertie de rechercher la plénitude dans l'instant présent est très active dans nos sociétés. N'est-ce pas ce que recherchent les masses de désoeuvrés qui, sans références et sans repères, cherchent désespérément, hystériquement, à " s'éclater ", non pas dans des actes utiles et de qualité, mais en se perdant, se droguant et en s'abrutissant au rythme déstructurant de musiques dégénérées.

La maturité, l'expérience et le progrès scientifique et technique aidant, les enfants ne devraient plus naître sur une terre où des hommes considèrent encore leur semblable, d'aucuns comme un animal sous forme humaine au service d'une bien imaginaire race supérieure ou peuple élu, d'autres comme un capital pour l'État, dans un monde où des géniteurs eux-mêmes considèrent que leur progéniture


leur appartient corps et âme, qu'ils peuvent donc en disposer à leur guise, voire l'exploiter (et c'est le cas dans de nombreux pays !), mais aussi exiger d'elle la réalisation de leurs rêves de grandeur et de leurs phantasmes inassouvis.
Si, dans un lointain passé, l'organisation sociale répondait essentiellement à des besoins de survie pour faire face aux difficultés naturelles, géographiques et climatiques, depuis des décennies le progrès technique et scientifique offre à l'humanité les moyens d'accueillir les générations futures dans un climat de liberté et de sécurité et même de confort.
Les temps sont mûrs pour que le passage de l'homme sur terre serve à sa propre réalisation et il est en droit de trouver un contexte social où lui sont garantis le respect et la protection de sa liberté d'évoluer vers l'accomplissement de son autonomie, indispensable à sa dignité. Seule l'éducation à l'autonomie permet qu'à l'âge adulte on soit prêt à assumer à son tour ses responsabilités.
Voilà des décennies est né un courant de libération tous azimuts qui s'inscrit dans le processus mondialisé de démocratisation et qui devrait aboutir à un réelle libération des consciences de leurs tutelles, une libération des dépendances et des autoritarismes religieux, politiques, philosophiques, scientifiques et économiques qui ont pu être légitimes à un moment donné de l'évolution, mais qui sont actuellement tous devenus un empêchement à l'individuation des consciences, donc à la responsabilisation des citoyens.
Seul le total respect de la liberté de conscience -que l'on prône partout mais que l'on ne respecte nulle part- confronte chacun à l'autorité en soi qui est celle de l'inconscient universel, racine métaphysique de toute conscience, et référence commune à tous les hommes. L'autonomie qui met chacun devant ses réelles possibilités et limites engendre le besoin naturel de l'autre et fait découvrir pourquoi et comment vivre les différences et les spécificités tant individuelles que collectives dans la complémentarité et le respect mutuel.


LA LIBERTE REND AUTONOME.
L'AUTONOMIE REND RESPONSABLE.
LA RESPONSABILITE REND SOLIDAIRE.

Si l'on ne peut que se réjouir du nombre toujours croissant d'initiatives personnelles et associatives qui promeuvent le développement personnel afin de permettre à tout un chacun d'acquérir son plein potentiel d'expression, on ne peut que déplorer l'aveuglement et l'obstination de ceux qui ont les rennes du pouvoir en main et qui, par profit, par soif de pouvoir mais surtout par ignorance, s'avèrent être incapables de faire naître une véritable démocratie qui donnerait à chacun sa juste place et sa fonction dans l'évolution et dans l'harmonie de l'ensemble.

"Il n'est rien de plus effrayant que l'ignorance agissante. " (Goethe)


La démocratie, bien plus qu'une simple modalité pour juguler les masses, est avant tout un contexte collectif d'Eveil, d'évolution et d'épanouissement individuel qui, par le pouvoir qu'elle donne de participer à la vie de l'ensemble, appelle chacun à ses responsabilités et lui permet d'être utile et de servir en offrant le meilleur de lui-même.
A la différence de tous les autres systèmes de gestion sociale, élitistes par nature, où il y a des " meneurs " et des " suiveurs " et qui se basent sur la loi du plus fort : physiquement (militairement), matériellement (économiquement) ou intellectuellement (scientifiquement), la démocratie met au centre de toute réflexion et de toute action la personne humaine avec ce qu'elle a de plus sacré : SON INDIVIDUALITE et de plus noble : SON HUMANITE, qualité essentielle qui fait totalement défaut à ceux qui se croient tout permis parce qu'ils sont les plus puissants, les plus riches, les plus savants.

Comme l'a bien pressenti le philosophe Michel Foucault, au lieu de penser et de théoriser différemment ce que l'on sait déjà, il est temps d'entreprendre de savoir comment et jusqu'où il est possible de " penser autrement ".

(A Suivre)


NAISSANCE DE L'ESTHETIQUE

par Luc FERRY



Dans le langage ordinaire, l'esthétique, la philosophie de l'art ou la théorie du beau sont des expressions à peu près équivalentes. Et l'on pense volontiers qu'elles désignent une préoccupation si essentielle à l'être humain qu'elles ont toujours existé, sous une forme ou une autre, dans toutes les civilisations. Comme souvent, l'opinion commune est trompeuse : l'esthétique proprement dite est une discipline récente dont l'émergence est liée à une véritable révolution du regard jeté sur le phénomène de la beauté.
La première "Esthétique" -le premier ouvrage à porter explicitement ce titre- apparaît seulement en 1750. Il s'agit de l'Aesthetica du philosophe allemand Baum Garten -elle-même rendue possible par l'effet d'un double bouleversement intervenu dans l'ordre de l'art, affectant d'une part l'auteur et de l'autre, le spectateur-.
Du côté de l'auteur. Dans les civilisations du passé, les oeuvres d'art remplissaient une fonction sacrée. Au sein de l'Antiquité grecque encore, elles avaient pour mission de refléter un ordre cosmique radicalement extérieur aux hommes. C'est par cette extériorité qu'elles recevaient une dimension quasi religieuse, s'il est vrai que le divin est par essence ce qui échappe aux hommes et les transcende. Elles étaient, au sens étymologique, un "microcosme", un petit monde censé représenter, à l'échelle réduite, les propriétés harmonieuses de ce tout que les Anciens nommaient Cosmos. Et c'est de là qu'elles tiraient leur grandeur imposante, entendez : leur capacité à s'imposer effectivement aux individus qui les recevaient comme données du dehors.
Dans un tel contexte, l'œuvre avait une "objectivité" ; elle exprimait moins le génie de l'architecte ou du sculpteur que la réalité divine qu'il saisissait en modeste rhapsode. Nous le percevons encore si bien qu'il nous importe peu, au fond, de connaître l'identité de l'auteur de telle statue ou de tel bas-relief. Pas davantage il ne nous viendrait à l'esprit de chercher le nom d'un artiste derrière les chats égyptiens du British Muséum ; l'essentiel est qu'il s'agit d'un animal sacré, transfiguré comme tel dans l'espace de l'art.

 

La rupture

C'est peu de dire que notre situation au regard des oeuvres a changé. A certains égards, elle s'est même inversée au point qu'il nous arrive de connaître le nom d'un "créateur", voire certains aspects de sa vie, en ignorant tout de sa production. On admire l'intelligence et la culture de Pierre Boulez à telle ou telle émission de télévision. Qui écoute Répons, sa dernière création, hors d'une infime élite composée pour l'essentiel de musiciens professionnels ? Même dans des cas moins extrêmes, la prédiction de Nietzsche est malgré tout devenue la règle générale de nos sociétés démocratiques : l'œuvre n'est plus le reflet du monde, elle est l'expression la plus achevée de la personnalité de l'auteur. En somme, une carte de visite particulièrement élaborée. Dans leur immense majorité, les oeuvres d'avant-garde qu'abritent les plus grands musées de New York, Londres ou Paris, sont comme les traces laissées par les coups du génie : nous y lisons l'humour de Duchamp, l'imaginaire de Stella ou la violence de Hartung. Bref, des traits de caractère plus que la figuration d'un monde commun.
Quoiqu'il en soit, cette révolution de l'auteur porte en germe l'idéologie avant-gardiste qui marquera de façon si profonde l'art contemporain. Certes, il y a des "auteurs" dans les civilisations pré-démocratiques ; mais ils ne sont pas des "génies", si l'on entend par ce terme des créateurs ex-nihilo, capables de trouver en eux-mêmes toutes les sources de leur inspiration. L'artiste ancien est plus un intermédiaire entre les hommes et les dieux qu'un véritable démiurge.
Par contre coup, on comprend comment l'exigence d'innovation et d'originalité radicales qui s'attache à la conception moderne de l'auteur est inséparable d'une idéologie de la table rase, qui s'exprime si nettement dans le concept d'avant-garde. Le beau ne doit pas être découvert, comme s'il existait déjà dans le monde objectif, mais bien inventé, chaque moment de novation trouvant dès lors sa place au sein d'une histoire de l'art dont le musée fournit l'incarnation institutionnelle.
La crise qui affecte aujourd'hui les avant-gardes ne se comprend pas hors de cette histoire de la subjectivité. Pour l'essentiel, elle tient à la contradiction interne qui frappe l'idée d'innovation absolue. Comme l'a bien montré Octavio Paz, le geste de la rupture avec la tradition et de la création du nouveau est devenu lui-même tradition en cette fin de siècle. Les signes de subversion qui ont


scandé l'histoire de l'avant-garde ne nous surprennent plus. Ils se sont banalisés, démocratisés(1) au point d'entrer eux-mêmes au musée à côté des oeuvres les plus classiques.

 

Le triomphe de la sensibilité

A cette mutation du côté de l'auteur, répond, du côté spectateur, la mutation liée à la notion de goût. Le terme apparaît, semble-t-il, pour la première fois -du moins en son sens figuré- chez Baltasar Gracián, pour désigner la capacité tout à fait subjective qu'ont les hommes de distinguer le beau du laid. C'est dire que, à la différence de ce qui avait lieu chez les Anciens, le beau ne désigne plus une qualité ou un ensemble de propriétés appartenant de façon intrinsèque à certains objets. Comme y insistent au contraire les premiers traités d'esthétique, le beau est subjectif ; il réside pour l'essentiel dans ce qui plaît à notre goût, à notre sensibilité.
De là ce qui sera le problème central de l'esthétique moderne -la question des critères : si le beau est subjectif, s'il est, comme on dit, affaire de goût et de sensibilité, comment expliquer l'existence d'un consensus autour de ce qu'on nomme les "grandes oeuvres" ? Comment comprendre que, contre toute attente, certains auteurs deviennent des "classiques" et traversent les siècles autant que les civilisations ? Avec la naissance de ces questions, nous sommes entrés de plain pied dans l'orbite de l'esthétique moderne.
Il va de soi que, pour une large part, cette description de la naissance de l'esthétique ne vaut que pour l'espace européen et ce qui en dépend directement. Chacun cherche aujourd'hui une définition de l'Europe. On pense, bien sûr, au continent des nations chrétiennes -ce qui d'évidence n'est point faux. Je préférerais la définir ici comme l'espace de la laïcité, non parce qu'elle "résisterait" au port de tel ou tel vêtement religieux, mais parce qu'elle a mis fin à l'ère du théologico-politique. Ce que symbolisent, comme on sait, la Déclaration des droits de l'homme et, mieux encore, l'institution de l'Assemblée nationale. La laïcité signifie, au fond, un nouveau rapport à la loi : à commencer par le fait que sa source n'est plus cosmique ou divine, mais, pour le meilleur et le pire, humaine, située qu'elle est en principe, sinon en fait, dans la volonté des individus.
Le thème de la fin du théologico-politique est au cœur de toute la philosophie politique moderne, et de Hegel à Heidegger, de Tocqueville à Weber, Strauss, Arendt ou Dumont, tout, ou presque, a été dit sur les théories du contrat social, la naissance de l'humanisme ou le déclin du religieux dans les sociétés démocratiques. La fin de ce qu'on pourrait nommer le "théologico-éthique", c'est-à-dire l'enracinement des normes et des lois dans un ordre extérieur aux hommes, a moins retenu l'attention.

 

La fin du transcendant ?

Mais il n'est pas excessif de dire que l'érosion du "théologico-culturel" reste encore largement à penser. Les débats auxquels on assiste depuis la disparition du marxisme opposent souvent les "optimistes", qui voient dans la modernité un lent mais inéluctable processus d'émancipation à l'égard des traditions, et les "pessimistes" qui y décèlent plus volontiers, si l'on ose dire, une logique du "déclin". A bien des égards, ces discussions sont le symptôme d'une mutation dans l'ordre d'une culture qui, pour l'essentiel, a pris dans les temps modernes la forme de l'esthétique.
Il serait absurde, pour autant, de parler de déclin. Les jugements de valeur ne sont pas de mise lorsqu'il s'agit, d'abord, de comprendre ce qui est. Mais il serait tout aussi vain de méconnaître une mutation radicale, dont l'origine remonte à l'invention de l'esthétique moderne, avec son corollaire obligé : le primat de l'auteur sur le monde. Dans notre univers laïc, démocratique, toute référence à ce qui est extérieur aux hommes tend à être récusé au nom d'une exigence sans cesse accrue d'autonomie. Il faut sans doute s'en réjouir. Mais il est normal, dans ces conditions, que l'art se soit lui aussi rendu à l'impératif d'être "à l'échelle humaine".
Simplement, il lui a fallu pour cela rompre ses liens ancestraux avec le sacré. Avec leurs expositions sans tableaux ou leurs concerts de silence, les avant-gardes de ce siècle ont poussé la rupture aussi loin que faire se peut. Toute la question est de savoir si, dans l'espace ainsi ouvert par leur propre mort, il sera ou non possible de recréer un monde commun, sur la base d'un rejet radical de toute transcendance.
Article paru dans le Courrier de l'Unesco. Décembre 1990

(1) NDLR : Le regrettable amalgame entre banalisation et démocratisation sous la plume d'un ministre philosophe met en évidence une ignorance totale de la dimension métaphysique et universelle de la conscience humaine, fondement de l'individualité à partir de laquelle se comprend et se construit la démocratie. La démocratisation n'est pas une banalisation mais une sacralisation de la vie sociale.

 
 
 
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Nous recevons régulièrement les revues " ARTENSION " de Pierre Souchaud, " LES ECHOS DE PROVENCE " de Gérard Baudin, ainsi que la lettre : " ET SI LA BEAUTE POUVAIT SAUVER LE MONDE " de l'association Art Culture et Communication.
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Suite à l'exposition de Venelles, nous avons reçu des comptes-rendus de la visite des élèves de M. Der Stépanian de l'école Marcel Pagnol. Ces comptes-rendus illustrés par des reproductions en couleur et mis en page sur ordinateur, représentent un tel volume que nous regrettons de ne pouvoir tous les publier dans notre bulletin.

 

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